Comment la cohérence cardiaque permet de prendre en main sa santé mentale de manière autonome ?

La période actuelle, particulièrement anxiogène, conduit à la multiplication de troubles psychiques (dépression, addiction, phobies, troubles alimentaires, insomnies…).

Jusqu’à aujourd’hui, la Méditation, Relaxation, Sophrologie, Yoga… ont permis à des millions de personnes de participer à la gestion de leur santé mentale. Ces activités, qui ont fait leurs preuves, nécessitent l’intervention de professionnels de santé,  guidant les individus dans la résolution de leurs difficultés quotidiennes.

Depuis peu, une activité utilisant la respiration volontaire comme catalyseur, apporte une bouffée d’oxygène, sans mauvais jeu de mots, dans l’amélioration de la santé mentale au quotidien, et de surcroit, de manière autonome. En effet, de nombreux guides respiratoires sont proposés sur la toile, permettant à tout un chacun, d’avoir accès en permanence à cet outil, aussi puissant dans la gestion émotionnelle, que dans l’amélioration de sa santé physique et psychique.

La Cohérence cardiaque a des apports  différents des autres activités de relaxation, mêlant respiration et visualisation…

On pourrait penser que la cohérence cardiaque puisse être la nouvelle mode du moment, dérivées des autres techniques existantes, n’ayant d’originalité que son nom…

Pourtant, j’ai pu constater, après avoir testé différentes techniques auprès de mes patients, (Hypnose, Relaxologie, Sophrologie), que les retours les plus probants et les changements les plus bénéfiques, peuvent être imputés à la pratique, dans la durée, de la cohérence cardiaque. Bien entendu, elle peut être complémentaire aux autres techniques, plus anciennement ancrés dans les pratiques courantes.

Pour comprendre son originalité, il m’apparait important de rappeler certains règles physiologiques. Notre système nerveux autonome, régulant à chaque instant le maintien de notre équilibre, est constitué de deux branches:La branche dites sympathique permettant la production d’énergie, l’adaptation dynamique au monde, également sollicitée lors de phases de stress, et la branche parasympatique, son parfait opposé, permettant la récupération d’énergie, naturellement  sollicitée lorsque nous dormons, ou lorsque nous vivons un moment agréable, de sérénité ou de communion collective.  Lors de séance de Méditation, de Relaxation, ou encore de Sophrologie, c’est bien le système parasympathique qui est sollicité, ce qui explique notamment le sentiment de fatigue ressenti à l’issu de ces séances, comme à la sortie d’une sieste.

À chaque instant, notre système autonome sollicite l’une de ces deux branches. Lorsque nous inspirons, c’est le système sympathique qui est utilisé, ce qui a pour conséquence d’augmenter le rythme cardiaque, alors que chaque expiration nous place dans le système parasympathique, entrainant son ralentissement. La cohérence cardiaque utilise principalement ce principe en équilibrant le temps d’inspiration et d’expiration. Cette respiration volontaire engendre une fluctuation périodique de notre rythme cardiaque, provoquant le recentrage de notre système nerveux autonome, à l’équilibre, au milieu de ses deux branches. Cet « effet », médicalement prouvé, permet aux individus de faire le plein d’énergie et de pouvoir la restituer immédiatement. Vous comprendrez aisément l’impact de cette technique peut avoir dans le monde sportif, mais plus généralement dans la recherche de performance.

Mais la cohérence cardiaque, pratiquée dans la durée, a bien d’autres vertus: réduction de la pression artérielle, de la fréquence moyenne cardiaque, de la variabilité cardiaque (marqueur de santé), du cortisol (hormone du stress), mais aussi augmentation du sytème immunitaire, de la concentration, de la confiance en soi,  des rapports sociaux, de la DHEA (hormone antagoniste au cortisol)… Au niveau émotionnel, elle permet de retrouver un état neutralité, permettant l’analyse lucide des situations et d’une meilleur efficacité dans l’action.

D’accord, mais pour qui ?

La cohérence cardiaque est bénéfique à tout le monde, à tout âge, et ne présente, à ce jour pas de contre indication de pratique. Bon nombre de sportifs ou d’étudiants, d’écoliers, en quête d’une forme de gestion de leurs émotions, à qui j’ai pu proposé des protocoles de cohérence cardiaque, m’ont fait part du changement radical que cette pratique a pu avoir dans leur vie.

D’ailleurs, au plus haut niveau, la cohérence de cardiaque prend une part de plus en plus grande dans la réussite sportive. Par exemple j’ai pu remarquer que la respiration synchrone (respiration collective permettant la synchronisation des rythmes cardiaques en cohérence) était utilisée par l’équipe de France de Rugby, lors de moment clés, depuis que le nouveau sélectionneur Fabien Galtier, a pris les rênes de l’équipe. Les bons résultats récents de notre équipe nationale, ne peuvent bien entendu être réduites à l’utilisation de la cohérence cardiaque, mais j’ai l’intime conviction qu’elle  participe activement à ce gain de lucidité qui nous faisait tant défaut auparavant…

Cette synchronisation des respirations collectives, s’explique par les ondes qu’émettent notre coeur (sinus auriculaire) qui a une protée estimée à 2 mètres. D’ailleurs, la jeune maman, afin de calmer son bébé, ne le rapprocherait-elle pas naturellement de son coeur?

Comment ça marche ?

La cohérence nécessite de la régularité dans sa pratique, car ses effets sont particulièrement efficace lorsque votre corps est habitué à vivre cet état. Le médecin David O’Hare, l’un des pionniers du développement de la cohérence cardiaque en France et au Canada, prône, pour les adultes, la méthode 365 pour une efficacité maximale (3 fois par jours, 6 respiration par minutes (5 secondes d’inspiration, 5 secondes d’expiration), pendant 5 minutes). Ces effets auraient un impact, selon plusieurs études, notamment sur la diminution du cortisol, pendant 4 heures après une séance!

Aussi, lorsque les individus ont l’habitude de se placer en cohérence cardiaque, quelques respirations suffisent à retrouver leur calme, et leur concentration, lors de situations émotionnelles intenses. Ce que le docteur O’Hare qualifie de  » crise de calme », peut même se provoquer par l’unique souvenir de l’état associé à la cohérence…

Plus ces techniques sont enseignées jeunes, plus cette arme devient un atout majeur dans sa construction personnelle. Toutefois, les enfants n’ont pas besoin de respecter les 5 secondes d’inspiration et d’expiration, permettant l’état de raisonnance cardiaque (effet maximal de la cohérence). En effet, le simple fait d’équilibrer le temps d’inspiration et d’expiration ont un impact pour le plus jeunes, aussi bien dans leur gestion émotionnelle, que dans leur niveau de confiance en eux…

Yann Enslen